Les élèves et écoliers des secteurs Kibeho, Rusenge et Cyahinda du district de Nyaruguru se retrouvent nombreux dans les travaux de plantation de théiers sur les collines. Leurs parents se plaignent de cette exploitation des mineurs.
Alphonsine est mère d’un adolescent de 16 ans. Ce jeune étudie en 1ere année secondaire au Groupe Scolaire de Rasaniro. Il va régulièrement dans ses activités sur les collines de la cellule de Mubuga dans le secteur de Kibeho.
La maman Alphonsine indique qu’elle ne voit son fils que la nuit. « Depuis que mon enfant a commencé à toucher l’argent (800 à 1000 frw/10 heures de travail), il ne m’écoute plus, » affirme-t-elle. « Déjà à 5h 00 du matin il est parti et il rentre tard la nuit, » ajoute-t-elle très en colère. Alphonsine partage les mêmes soucis avec beaucoup d’autres parents. Ils se plaignent de ce détournement de leurs enfants du cursus normal de l’éducation. Ils parlent d’exploitation des mineurs.
Le directeur général du SCON (Services Company Outgrowers Nyaruguru} qui finance ce projet de plantation de théiers sur les collines, Vincent Hategekimana, indique qu’il n’avait pas cette information concernant le recrutement des mineurs.
« Notre approche est de négocier avec des paysans qui possèdent des champs non exploités (un hectare au moins), » explique-t-il. « Après un accord, nous leur octroyons des crédits à long terme, pour qu’ils préparent eux-mêmes leurs champs et sèment. Ils remboursent à la production, » dit-il. « Si c’est vrai qu’ils recrutent des mineurs à notre insu, c’est un crime et ils doivent cesser, » déclare-t-il.
Nous n’avons pas pu rencontrer les propriétaires des champs, puisque d’après les informations recueillies sur le terrain, la plupart d’entre eux, engagent à leur tour, des sous-traitants.
Le vice-maire du district de Nyaruguru chargé des affaires économiques et du développement, Janvier Gashema, rappelle que personne ne doit recruter un enfant pour un emploi non autorisé. « Personne ne doit recruter un enfant dans les plantations de théiers. Les autorités de base doivent être vigilantes. La place de l’enfant est à l’école, » rappelle le vice maire Gashema.
Le projet SCON Nyaruguru a commencé ses activités en 2016. Il exploite actuellement une superficie de 740 hectares appartenant à 720 agriculteurs différents. D’ici 20 ans, il prévoit travailler sur une superficie de 3400 hectares sur les collines des secteurs de Kibeho, Mata, Cyahinda et Munini.
Domice Gasarabwe