Vers la fin du mois de juillet, une lettre co-signée par cinq Burundais du Camp des réfugiés de Mahama demande au Chef de l’Etat, général-major Evariste Ndayishimiye, un rapatriement digne et légal.
Le nouveau Chef de l’Etat burundais, général major Evariste Ndayishimiye, répond de façon surprenante. Selon lui, les réfugiés burundais du Camp de Mahama auraient été pris en otage par le gouvernement rwandais pour protéger les malfaiteurs ayant commis des forfaits dans leur pays avant prendre le chemin de l’exil.
Comme solution, le président Ndayishimiye leur propose de se lever et de rentrer spontanément chez eux. Dans les conditions normales, le rapatriement des réfugiés se fait dans le respect des lois.
« Le Rwanda réaffirme le principe du rapatriement volontaire comme solution durable pour les réfugiés, conformément au droit international et rwandais, » a réagi le ministère de la gestion des situations d’urgence (MINEMA) ayant les réfugiés dans ses attributions en date du 03 août 2020.
La question du rapatriement des réfugiés se fait par voie diplomatique. Et généralement la commission tripartite s’assoit pour en discuter et organiser cette action.
Quand les 331 réfugiés, certains ne savent pas comment ils ont été mis sur la liste, demandent à leur nouveau président élu d’être « rapatriés dans la dignité et légalité en tant que vos enfants » c’est cela.
D’ailleurs plus loin dans leur lettre ils suggèrent au jeune Chef de l’Etat comment y arriver. « Nous souhaitons qu’il y ait des pourparlers bilatéraux entre le Burundi et le Rwanda, en présence du UNHCR enfin que nous bénéficiions nos droits et dignité de regagner notre patrie. »
Comme le régime Nkurunziza l’a toujours fait, au lieu de se mettre au travail pour trouver une solution appropriée à ce problème posé, le nouveau chef de l’Etat cherche un bouc émissaire qui empêcherait aux exilés de rentrer au bercail.
Le Rwanda n’a pas pris les réfugiés burundais en otage. Il attend la tenue de la commission tripartite pour répondre au souhait de ces réfugiés burundais de Mahama.
« Le Rwanda…est prêt à faciliter le retour en toute sécurité et dans la dignité de ceux qui choisissent de rentrer, en collaboration avec le HCR et les gouvernements concernés, » avait déclaré le MINEMA en charge des réfugiés.
Leur dire de se lever et partir, ce n’est pas cela la dignité qu’ils demandent. Ce n’est pas cela la miséricorde dont ils parlent dans leur lettre.
Le 20 juin dernier, lors de la journée mondiale des réfugiés, la ministre en charge de la gestion des situations d’urgence, Marie Solange Kayisire, avait rendu public une déclaration encourageant ceux qui sont concernés par la question du rapatriement des réfugiés à assumer leurs responsabilités.

« Si la réponse humanitaire et d’autres solutions durables sont nécessaires, il n’y a pas de meilleur endroit que la maison. Le gouvernement du Rwanda apprécie les progrès accomplis pour assurer la sécurité et la stabilité dans notre région, et encourage les parties concernées à mettre en œuvre des solutions globales qui rassureront les réfugiés et leur permettront de rentrer volontairement chez eux, dans des conditions de sécurité et de dignité. »
La ministre avait réaffirmé l’engagement du Rwanda à assurer la protection des réfugiés. « Le gouvernement du Rwanda, en partenariat avec les différentes parties concernées, réitère son engagement à assurer la sécurité et la protection des réfugiés, ainsi qu’à améliorer leur bien-être par l’accès aux services de base, à l’éducation, à la documentation, aux emplois et aux opportunités socio-économiques. »
La mise à jour du 31 juillet 2020 de UNHCR sur la question des réfugiés burundais se trouvant dans la région, révèle que « presque tous les retours du Rwanda et de l’Ouganda ont été jusqu’ici des retours spontanés. »
En Tanzanie, la commission tripartite s’est réunie plus d’une fois pour le rapatriement des réfugiés, même si les échos d’une certaine contrainte pour rentrer au bercail ont été entendus. Tout de même, il faut reconnaitre que leur retour est organisé. Pour les 72 mille indésirables du Rwanda, ils doivent se lever et marcher.
Gérard Rugambwa